Il était à peine midi passé et pourtant la jeune auror avait l'impression que cette journée était interminable. Il s'en était passé des choses depuis le matin. Elle s'était d'abord réveillée tout étonnée de ne pas trouver Achille à côté d'elle puis avait découvert son mot sur la table de chevet. Il avait dû partir plus tôt, il ne disait rien de plus et cette explication douteuse avait confortée la jeune femme dans sa décision. Elle y avait pensé toute la nuit. Alors, presque mécaniquement, elle avais mis en route le plan qu'elle avait répété dans sa tête des centaines de fois, depuis la tombée de la nuit jusqu'au lever du jour. Elle avait écrit une lettre qu'elle avait envoyé par hibou à son chef et s'excusait ainsi de ne pouvoir venir travailler aujourd'hui, pour une banale raison de santé. Et puis elle avait commencé à rassembler ses affaires, une à une, comme si enlever chacune de ses empreintes laissées là au fil des jours l'aiderait à faire une croix sur trois ans de vie commune et, surtout, sur un avenir qu'ils s'étaient promis de vivre ensemble. Elle soupira, une fois de plus, puis redoubla d'efforts et d'énergie pour chasser ses sombres pensées et ne pas être tentée de rebrousser chemin, tant qu'il était encore temps. Geneva fermait un premier sac quand un hibou frappa sèchement trois petits coups de bec au carreau et la jeune femme se dépêcha d'aller ouvrir la fenêtre. Elle ne reconnaissait pas le messager, ce qui l'intrigua, puis eut un mouvement de recul en lisant le petit bout de papier qu'il apportait. « Rendez-vous à 15h au lieu habituel si tu es toujours avec nous. » C'était signé R.L. La sorcière frissonna, certaine de ne pas être la destinataire de ce courrier mystérieux, puis, brusquement agitée par un mauvais pressentiment, elle fut complètement convaincue qu'elle n'aurait jamais dû en lire le contenu. Alors, prenant le seul sac qu'elle avait eu le temps de préparer, elle disparut en courant de son ancien lieu de vie et ne prit même pas la peine de refermer la porte à clé. Tant pis, c'était trop risqué et elle n'avait plus le temps pour ça.

Quelques minutes plus tard, elle était sur le seuil de la porte d'un immeuble, en plein dans un quartier populaire de Londres, d'ailleurs aussi bien habité de sorciers que de moldus, et attendait désespérément qu'on lui ouvre la porte. Elle n'attendait tout au plus que depuis cinq minutes, mais chaque seconde passant lui paraissait s'allonger comme l'éternité. La vérité, c'est que la blonde était au supplice et cela pouvait se voir sans peine sur son visage. Elle espérait aussi vivement qu'à part son amie, personne ne la croiserait dans cet état. Elle détestait paraitre fragile, montrer sa vulnérabilité. Ce n'était pas dans son tempérament et ça ne devait jamais changer, quoi qu'il advienne. Quelqu'un sortit alors de l'immeuble et Geneva en profita pour y rentrer, évitant le regard étonné de l'homme qu'elle venait de croiser.

Elle sonna ensuite à la porte qui l'intéressait, puis, sans lui laisser le temps de décrocher un mot ou de déchiffrer quoique ce soit dans ses yeux, Geneva s'engouffra la tête la première dès que la porte de l'appartement s'entrouvrit et se précipita dans les bras de son amie. Elle l'enlaça en la serrant aussi fort qu'elle le pouvait, découvrant par la même occasion ce que signifiait littéralement l'expression se jeter corps et âme. Elle sentit également les larmes déborder de ses paupières, encore, mais cette fois-ci elle les laissa couler sans chercher à les retenir. Peu importe ce que pensait Violet à propos des pleurnichardes.

« Voilà, c'est fait. Je l'ai fait. Je suis partie. » finit-elle pourtant par avouer d'une petite voix, sans pour autant déserrer son étreinte d'un pouce.