Chen & Opale ♥

Mon elfe de maison ne comptait plus toutes les robes que je pouvais avoir dans ce placard. Bianca passait un temps fou à trouver quelle robe serait la meilleure à chaque fois que je sortais. Je portais un œil attentif à l’heure qui filait sur la grande horloge magique qui ornait le salon du manoir. Chen m’attendait à pré-au-lard. Elle avait insisté pour que nous nous retrouvions dans ce petit village, disant que cela me rappellerait le château qui m’avait si chaleureusement accueilli. Il nous rappellerait aussi nos anciennes ballades que nous n’avions plus trop le temps de faire. Entre mon travail au ministère de la magie et ses études de la magie, nos emplois du temps étaient sur bouqués. J’imaginais qu’elle avait voulu que l’on se retrouve. Je lui avais pourtant bien dit que j’étais très occupés avec les préparatifs de cette réception que mon père organisait pour mon anniversaire. Un très petit comité, juste la famille et quelques mangemorts très proches, pas plus d’une dizaine. En ce temps de guerre, nous ne voulions pas attirer l’attention. En fait, je crois que j’évitais Chen depuis quelques temps, ma vie s’écroulait et je ne souhaitais pas l’embarquer avec moi. La peur de la voir se mêler de toute cette histoire me tiraillait le ventre. Elle devait gérer suffisamment de chose avec sa propre famille, il restait encore à s’intégrer dans cette société de sang pur anglais. Je ne voulais absolument pas l’embêter avec ces histoires de mariages. Après tout, nous étions tous dans le même bateau, elle aussi connaitrait surement un jour un mariage arrangé. C’était ma meilleure amie et elle me manquait terriblement, j’avais donc décidé de lui confier cette nouvelle. Je sentais le besoin de lui faire part de mes doutes, de mes peurs. Chan portait toujours une oreille attentive à mes propos. Je pris la robe que Bianca avait préparé sur mon lit, elle était très simple. Dehors le temps se couvrit, je pris donc ma cape de sorcière pour m’abriter. L’été pointerait le bout de son nez sous un monde où l’orage grondait chaque jour, chaque nuit. La guerre se faisait de plus en plus puissante, et présente dans les esprits. Elle hantait chacun de nous, et ceux qui souhaitaient être neutres, commençaient à avoir peur, comme si quelque chose d’invisible les poussaient à choisir un camp. Le pire restait à venir, le plus sanglant aussi.

C’est en arrivant à pré-au-lard que je me rendis compte du changement. L’endroit me paraissait plus lugubre, plus froid, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas aventuré en dehors du ministère ou de mon manoir. Je m’apercevais afin des ravages de la guerre. Cependant, un tout autre sentiment prenait place en moi. Une sorte de nostalgie de ces années passées dans ce château. Presque insouciante. Je me rappelais aussi de la volière, j’y montais toutes les semaines pour envoyer une lettre à Chen, la tenant ainsi au courant des potins d’Angleterre. C’est son visage qui me sortie de mes pensées, je lui fis un franc sourire, un sourire radieux. Le premier depuis des jours.

« Hey ma belle ! » entendis-je sans surprise. Passer une après midi en compagnie de Chen était tout ce qu’il me fallait. Elle me prit dans ses bras, et c’est avec surprise qu’elle me murmura des paroles à l’oreille. « Bon anniversaire ma beauté. » susurra-t-elle. J’aurai du m’en douter.  J’aurai du deviner que cette visite à pré-au-lard, l’endroit où se trouvait des boutiques que j’adorai depuis mon enfance, serait mon cadeau d’anniversaire. Il n’y avait que Chen pour deviner qu’un retour dans le peu de souvenirs heureux que j’avais, était exactement ce qu’il me fallait en ce temps de guerre. Et pourtant, elle ne savait pas tout. Elle ne savait pas encore que j’étais fiancé à Regulus Black. C’était certains, quand elle apprendrait la nouvelle, elle pourrait être d’autant plus fière de m’avoir amener dans cet endroit. Je pourrais enfin oublier le monde extérieur, quelques heures. Je fis signe à mon amie de me suivre, j’eus une envie folle de me rendre chez honeydukes. Cette boutique avait toujours été comme mon havre de paix. Parfois, lors des sorties organisaient par le collège, j’aimais observer les élèves rires à l’intérieur. Cet endroit était toujours en fête, même cette période de guerre n’arrivait pas à détruire l’ambiance qui y régnait. Tout était simple, tout était drôle. On aurait dit que l’endroit avait été construit exprès dans le but de dépasser toutes les frontières, les couleurs des quatre maisons se succédaient, au milieu de tonnes d’autres couleurs plus indéfinissables les unes que les autres. Je regardai les friandises que possédait la boutique : suçacides, dragées surprises, chocoballes, gommes de limasses, baguettes magiques à la réglisse, ballons gommes du bullard. Les plumes en sucre étaient certainement mes préférées, nous en sucions pleins en classe en faisant semblant de réfléchir. Je pris des Fizwizbiz en les montrant à Chen comme une gamine. « Ca te dirait de voler ? » rigolais-je en tenant le petit sorbet qui permettait de s’élever du sol. « Ou tu préfèrerais cracher du feu en mangeant des gnomes aux poivres ? » surenchéris-je.

Cela faisant longtemps que je n’avais pas autant rit. Je devais ressembler à une vraie gamine. Chen était une des seules personnes avec qui je me permettait ce comportant. Chen, mon autre meilleure amie, et parfois Evan qui s’exaspéraient toujours. Je me demandais si je pourrais un jour me comporter ainsi avec Regulus, juste être moi même. Une fois nos emplettes pleines de sucrerie faites, je demandais à Chen si cela ne la dérangeait pas de s’asseoir. « Je dois t’annoncer quelque chose de très important. » lui dis-je en prenant un ton beaucoup plus grave que ceux qui avaient précédés. Je la pris par le bras, pour la forcer à me suivre avant de m'assoir sur notre banc préférait. C'était sur ce banc que je lisais les lettres qu'elle m'envoyait, sur ce banc que je lui répondais. C'était aussi sur ce banc que je lui avais raconté tous les potins, tout ce qu'elle devait savoir en arrivant ici. Notre banc. A toute les deux.

Spoiler:

Je savais pertinemment que cela allait faire plaisir à Opale de se retrouver à Pré-au-lard avec moi. D'ailleurs n'importe quelle personne avec un peu de jugeote aurait eu cette idée ! Cela n'allait lui faire que du bien et il faut dire que je m'inquiétais un peu pour elle. Je ne la voyais vraiment plus en ce moment et elle semblait vraiment absorbée par son travail et ses occupations. De plus il ne fallait pas oublier l'énorme pression familiale qui pesait sur ses épaules en permanence. Et oui comme tous les enfants qui se devaient d'honorer leur famille Opale se devait d'être absolument irréprochable et capable de reprendre le relais quand ses parents ne le pourraient plus. Je me demandais moi-même, certaines fois comment on pouvait supporter tout cela. C'est vrai, pourquoi s'infliger ça ? Ne pourrions pas nous contenter de vivre simplement ? Sans contraintes et sans devoirs permanents ? La vie serait bien plus belle comme cela mais je savais que c'était impossible. En tout cas de mon côté je n'avais ni la force ni le courage d'abandonner ma famille pour partir loin. Pourtant, il m'arrivait certaines fois quand je me sentais trop emprisonnée de vouloir partir loin de tout, loin de ces contraintes, loin de ces règles et surtout loin de cette guerre meurtrière.

C'est pour cela que ces moments privilégiés avec elle étaient indispensables. Ils me permettaient tout simplement de souffler et d'enfin me montrer sous un jour bien plus joyeux. Avec elle je pouvais me permettre certains rires, certains sourires et certaines paroles que je me gardais bien d'offrir aux autres personnes. Opale était spéciale et elle détenait quelque chose de précieux que je ne donnais que très rarement : ma confiance. Elle en était vraiment digne, elle me l'avait prouvé des milliers de fois et j'en savais assez sur elle pour savoir qu'elle ne là trahirait qu'avec une très bonne raison. « Ca te dirait de voler ? » Je lui souriais, elle ressemblait à une enfant et pas seulement dans la manière de me proposer de décoller du sol pour aller zigzaguer dans les airs. Non. Elle avait un visage terriblement enfantin et malgré ses vingt ans d'aujourd'hui on pourrait lui en donnait un. Cela lui donnait un air innocent rempli de vie que j'adorais. « Ou tu préfèrerais cracher du feu en mangeant des gnomes aux poivres ? » Je lui offris un deuxième sourire avant de lui répondre : « Je pense que je préfère décoller dans les airs, cracher du feu ne serait pas très élégant non ? » Enfin là tout de suite élégant ou pas, je m'en fichais je voulais juste profiter du moment présent.

Après au moins dix minutes à sélectionner les meilleures friandises de la terre, elle m'entraîna hors de la boutique. « Je dois t'annoncer quelque chose de très important. » J'espérais que c'était une nouvelle joyeuse et pas une mauvaise nouvelle, on peut dire qu'en ce moment j'en avais assez d'entendre de mauvaises choses. Je la suivais ma sucette à la bouche vers un banc symbolique : le nôtre. « Il n'ait rien arrivé de grave j'espère ? » Demandais-je en fixant ses yeux puis je remarquais qu'ils n'étaient pas tout à fait normaux, ils étaient un peu gonflés comme si elle avait pleuré. J'attrapais son visage avec une main de velours et je caressais doucement sous son œil droit en dodelinant la tête du même côté le sourcil gauche froncé. « Qui t'as fait pleurer ? » Questionnais-je finalement, inquiète.

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