La vie n'avait pas été facile depuis que Charlotte avait attendu Amos en bas de chez lui. La voir avait été un véritable choc pour le sorcier, bien trop blessé dans son orgueil comme dans son coeur pour pouvoir à nouveau poser les yeux sur elle. Elle qu'il avait tant aimé et dont il avait caressé ardemment et tendrement les moindres courbes de son corps. D'après lui, jamais il n'avait aimé comme il avait aimé Charlotte. Au fond, il pensait même qu'il ne pourrait jamais plus aimer comme il l'avait fait. Peut-on vraiment recommencer à simplement penser pouvoir le faire ? Pour Amos, c'était bien trop tard. Il ne faisait plus confiance à l'amour. Très jeune, il avait pourtant comprit qu'il devait simplement apprécier la gent féminine, sans pour autant donner son coeur. Il avait commit une erreur en le donnant à cette femme. Non seulement elle l'avait trompé avec un autre, mais cette dernière avait ensuite apprit sa grossesse. Grossesse qu'elle avait alors prit le soin de dissimuler au sorcier. Trois ans. Trois ans de mensonges et de trahison. C'est ce qu'il avait récolté en fréquentant la jeune femme. Il ne le regrettait bien sûr pas puisqu'il avait gagné un adorable fils, Cedric. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de l'amertume. Il aurait peut-être agit autrement si il avait su que tout cela se passerait ainsi, ou peut-être pas. Si Amos avait été trahi, il avait aussi connu une période des plus heureuses et passionnées de toute sa vie. Pouvait-il vraiment regretter d'avoir été humain et d'avoir essayé de vivre d'amour ? Pouvait-il vraiment se damner d'avoir écouter son coeur plutôt que son esprit qui lui dictait jusqu'à présent sa conduite ? Pouvait-il vraiment renoncer à connaître l'amour même en sachant qu'il allait forcément souffrir un jour ou l'autre ? La réponse s'insinua d'elle-même chez Amos. Bien sûr que non. Il ne pouvait faire autrement.

Ressassant le passé, Amos entendit à peine les cris de Cedric que Artémis s'en occupait déjà. Sa grossesse la rendait bien plus sensible et maternelle qu'elle ne l'était avant. Au fond, le sorcier ne regrettait absolument pas sa venue. Elle était devenue comme sa soeur et il s'en occupait comme un frère, ou du moins il essayait. Jetant un coup d'oeil vers la fenêtre, Amos constata avec lassitude que la nuit tombait déjà. Décidant tout de même d'aller faire un tour pour faire quelques courses malgré la pluie fine qui tombait dehors ainsi que l'obscurité tombant peu à peu, il s'empara de sa veste et fit un signe à Artémis afin de ne pas réveiller Cedric qui venait de s'endormir paisiblement. Ignorant son air réprobateur, il s'engouffra au dehors et grimaça quand il sentit l'humidité lui coller à la peau. Des fois, il venait à se demander pourquoi il avait de telles idées. Pourtant, là il devait se changer les idées. Penser à Charlotte et au passé l'avaient totalement rendu maussade. Serrant sa baguette magique dans sa main sous sa veste, il n'en oublia pas de vérifier qu'aucun sorcier ne le suivait. La période était suffisamment sombre comme ça et Amos ne tenait pas vraiment à faire de Cedric un orphelin, même si Artémis serait là pour s'en occuper. Alors qu'il venait d'atteindre une rue éclairée et déserte, un bruissement le fit s'arrêter. Avançant sa baguette vers le lieu où le bruit venait de résonner, il murmura un lumos qu'il regretta aussitôt. Ce n'était pas quelqu'un qui en voulait à sa vie, mais plutôt à sa santé mentale si elle continuait à le torturer ainsi. Fronçant légèrement les sourcils, une colère sourde s'empara d'Amos, qui ne put s'empêcher de murmurer son prénom en serrant les dents. « Charlotte. » Il était aussi surpris que mécontent de la découvrir ici. Surtout, que faisait-elle près de lui, à cette heure et à cet endroit précis ? D'autant plus que si elle voulait voir Cedric, il était un peu tard pour y penser. Amos ne tenait pas vraiment à ce que Charlotte le voit, déjà que cela ne lui plaisait pas de la voir elle. Baissant un peu sa baguette, il arrêta son sort d'un nox presque silencieux et la garde à la main. « Qu'est ce que tu fais là ? »

Prostrée près de la fenêtre, immobile, elle regardait au loin, vers l'horizon. Tandis que le soleil se couchait dans un sillon pourpre, Charlotte se plia à un rituel mental : à chaque fois qu'elle voyait l'astre, elle l'assimilait à une étoile. Une étoile parmi un autre million qui brillait dans la galaxie, qui, elle même était juste une possibilité dans l'éventail de mondes existant. D'ordinaire, se rappeler ces faits si simples, l'aidait à avoir une certaine perspective, quant à ce qui se passait autour d'elle; mais pas ce soir. Depuis qu'elle avait vu le visage en sang de cet enfant à l'hôpital, une seule et unique pensée obsédait son esprit : Cédric, son propre fils. Quotidiennement, les victimes affluaient toujours plus nombreuses, et dans un état des plus lamentables; la guerre qui grondait semblait ne vouloir laisser aucun survivant, d'un côté comme de l'autre, à son plus grand désarroi. Son coeur se serra à la vision fugace de sa progéniture abandonnée des années plus tôt à celui qui avait partagé sa vie et bien plus encore. Pour autant, abandon n'avait jamais rimé avec adieu définitif, et pas une seule seconde il avait quitté sa mémoire. Ne pas le voir grandir et s'épanouir était un réel supplice, et si le geste avait été déchirant, le vide laissé dans sa poitrine était insoutenable. Un mal être d'autant plus lourd lorsqu'elle songeait à Amos. Parfois la sorcière se demandait, si il viendrait une heure dans son existence, où elle ne penserait pas à lui, ne lui parlerait pas dans sa tête, ne revivrait pas chacun de leurs moments passés ensemble : ne chercherait pas sa voix, ses mains et son amour. La tendresse qu'il avait laissé dans son palpitant était telle une ecchymose qui ne voulait pas partir, mais qu'elle chérirait à l'éternel. Hélas, elle était la seule à blâmer dans l'histoire, car tout était de sa faute, et ce dès le premier instant où elle avait douté. Commettant l'irréparable, elle avait rompu cette loyauté tacite qui s'était instaurée entre eux, et les mensonges qui s'étaient succédés après qu'ils se soient séparés n'avaient rien arrangés, au contraire. Entre eux les ponts s'étaient brisés, et plus rien ne serait comme avant, elle en avait bien conscience.

Toutefois, Charlotte n'était pas du genre à baisser les bras, et elle avait fait de son enfant, un combat qu'elle désirait gagner. Si jusque là elle avait réussis à être conciliante, se soumettant volontiers aux conséquences de ses propres erreurs, désormais elle voulait retourner en arrière et le récupérer : elle était lasse de ne pas pouvoir le serrer contre elle, lasse d'être devenue une inconnue à ses yeux, lasse de ne plus être sa mère. Ne sachant ce que lui avait rapporté son géniteur à son sujet, elle priait intérieurement pour qu'il ne l'ait pas oublié, et qu'il ait gardé des souvenirs autres, que ce jour fatidique. Cédric mis à part, Amos lui manquait de manière déraisonnable, et ne pas avoir de ses nouvelles rendait les remords plus difficiles encore, et confirmait ses soupçons : elle demeurait attachée à lui. Cependant ce soir tout allait changer, elle prendrait les choses en mains, et marquerait très certainement les hostilités, mais elle n'avait pas le choix. S'enveloppant dans une cape noire, dont elle remonta la capuche sur ses cheveux aux reflets cuivrés, elle se lança à l'assaut de la nuit, sa baguette fermement encrée dans sa main. Dernièrement, sortir de chez soit relevait presque du parcours du combattant, et il fallait se méfier du moindre bruit, car ce dernier pouvait s'avérer fatal en fonction de votre interlocuteur. Elle avait appris des semaines auparavant où se terrait son ancien amant, et si elle avait hésité longuement avant de frapper chez lui, partagée entre le désir et la crainte, elle s'était finalement décidée à agir. Sans doute que la guerre pressait les âmes esseulées à agir avant qu'il ne soit trop tard. Reconnaissant les maisons au loin, elle su qu'elle était proche, comme pouvait le confirmer le battement affolé de son muscle cardiaque contre son sein. Ce qu'elle n'avait toutefois pas prévu était qu'il soit sorti, et qu'il viendrait à sa rencontre, car ayant reconnu sa silhouette, elle le vit s'approcher, le visage fermé. Le revoir après si longtemps ne manqua pas de bloquer sa respiration, et elle se trouva aussitôt pathétique. Fort heureusement le comportement hostile qu'il arborait à son égard la ramena à la réalité, il n'était pas le garçon qu'elle avait connu : il était un étranger, tout comme elle devait l'être pour lui au vu de la baguette qu'il tendait de façon menaçante devant lui. « Amos. » Un sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle s'avançait légèrement vers lui, les bras croisés dans son dos. « Je suis venue le voir. » Une évidence en son humble avis, pour quelle autre raison pouvait elle être là sinon pour lui ? Néanmoins en fixant ses yeux clairs, le lui prit une tout autre tournure, et quelque chose trembla en elle, alors qu'elle projetait dans son esprits des souvenirs mêlés au fantasme de pouvoir embrasser sa peau couverte de rosée. La jeune femme secoua sa tête, et vint rompre d'un ultime pas ce gouffre qui les séparait, sans pour autant rompre le contact visuel. Tant de questions brulaient ses lèvres : avait il refait sa vie ? avait il rejoint le ministère comme il le désirait ? Mais surtout, lui avait-elle manqué ? Jamais le poids des années ne s'était fait sentir de manière aussi brutale. « Tu peux baisser ça, je doute que tu en ai besoin, c'est une visite ... amicale. » Ajouta t-elle en montrant du menton le morceau de bois qu'il tenait pointé dans sa direction. « Où est il Amos ? » Plus vite, elle le verrait, plus vite elle partirait, tel était le plan initial. Malgré tout, une infime partie de son être espérait qu'il la retienne, qu'il l'oblige à rester, qu'il lui pardonne. Ils avaient tant à rattraper, et si peu de temps devant eux.

Trois ans. Trois années sans aucune nouvelle d'elle. Trois ans sans savoir que de leur amour était né un petit garçon adorable qu'il aurait adoré connaître depuis sa naissance. Trois ans à souffrir en silence de la perte qu'avait été celle de Charlotte. Trois ans à retourner les événements dans son esprit, en essayant de savoir comment les choses auraient pu tourner si il avait agi différemment. Trois ans à se sentir blessé et coupable d'avoir échoué dans cette relation au même titre que la jeune femme. Il avait même essayé de l'oublier et de passer à autre chose, en vain. Amos avait beau fréquenter d'autres jeunes femmes ou boire le plus souvent pour rendre ses pensées plus douces et moins amères, rien n'y faisait. Charlotte avait été trop présente dans sa vie et ce, d'une façon intense pour qu'il ne l'oublie. Elle l'avait humilié et détruit en le trompant. Bien sûr, le sorcier en était parfaitement conscient, et c'était la première chose qu'il pouvait lui reprocher. Encore aurait-il pu arriver à l'oublier au bout d'un moment, si elle n'était pas venue au bout de ces trois ans avec leur fils. Son fils désormais. Il n'essayait pas vraiment de chercher pourquoi elle avait finit par lui avouer la vérité de cette façon. Elle lui avait encore mentit pendant des années. Infidèle et menteuse, jamais Amos n'aurait pu penser cela d'elle quand ils étaient encore ensemble. Il la voyait comme étant quelqu'un de fort, de doux et d'adorable. A ses yeux, elle était la première a lui faire ressentir tout cela. Il aurait pu se marier avec elle et fonder un famille si elle lui avait demandé. Il aurait pu décrocher la lune, aussi mielleux que cela puisse paraître. C'est sans doute pourquoi la trahison de Charlotte lui avait paru si terrible et insoutenable, au point même qu'il en perdait presque la raison. Qu'est ce qu'il a pu espéré la retrouver chez lui ou encore avoir fait un cauchemar. Malheureusement, la réalité était toute autre. Il avait mis du temps avant de pouvoir respirer normalement sans sentir de sanglots lui serrer le cœur et haleter son souffle. Il ne l'avait pas oublié pourtant. Il n'aurait pas pu. Alors la voir ainsi, magnifique dans sa cape noire, cela le tuait littéralement. Si tout cela n'était pas arrivé, peut-être aurait-il pu se permettre de la serrer dans ses bras. Mais il y avait sa tromperie et Cedric, et la colère qu'il ressentait était bien trop grande pour l'occulter. « Amos. » commença-t-elle, visiblement déroutée de le voir dehors. Simple hasard ou non, la voir traîner dans les parages alertait le jeune homme qui fronça un peu plus les sourcils. Et malgré le sourire de la jeune femme, Amos commençait même à imaginer que Charlotte revenait pour Cedric. Une folie puisque c'est elle qui l'avait abandonné. De plus, le jeune homme n'était absolument pas d'accord ou prêt à ce qu'elle revoit leur fils. Était-ce par pur souci de vengeance ou d'inquiétude pour Cedric ? Il ne le savait pas. Elle ne tarda cependant pas à confirmer ses soupçons. « Je suis venue le voir. » Evidemment. Même si il s'y attendait, Amos fut déstabilisé d'entendre cela. La voir devant lui était déjà en soi quelque chose de difficile, alors si en plus, celle-ci veut récupérer ou même voir Cedric .. Sachant immédiatement qu'elle sera sa réponse, il n'hésita pas une seconde. « J'imagine que tu parles de Cedric. » C'était inutile de penser qu'elle venait le voir lui. Ce serait même mentir de dire qu'il n'avait jamais pensé un jour comment aurait été leur vie si elle ne l'avait pas trompé et qu'ils avaient formé une famille avec leur fils. Il était bien trop tard maintenant, et elle le savait autant que lui. Sa directive concernant sa baguette le fit à peine réagir. Ce qu'elle venait de lui demander régissait toutes ses pensées. « Où est il Amos ? » le pressa-t-elle. Impassible jusqu'à présent depuis l'extérieur, au fond, il bouillait de rage. Croisant les bras après avoir rangé sa baguette, il ne put la contenir. « Chez moi, comme tu dois le savoir, puisque j'imagine que tu venais le voir. » exulta-t-il devant Charlotte avant de repartir de plus belle. « De toute façon, il est absolument hors de question que tu le revoies. Tu as déjà fais assez de mal comme ça. »

Il ne devait pas être loin, probablement dans une de ces bâtisses avoisinantes, de celles qu'elle n'aurait jamais pu lui payer. Par les temps qui courraient, l'argent était de plus en plus difficile à obtenir, et bien que medicomage, Charlotte ne faisait pas exception à la règle, c'était une des multiples raisons qui l'avait poussé à laisser son fils à Amos. Une parmi tant d'autres, mais certainement pas la principale. C'était avant tout mais surtout pour ses traits qu'elle ne pouvait supporter tant ils étaient semblables aux siens, lui rappelant quotidiennement cette trahison dont elle avait été l'auteur, de même que ces instants sincères qu'ils avaient partagé. Toutefois il y avait un point qu'elle n'avait pas prévu dans ce plan d'apparence si magnifique, c'était l'amour qu'une mère peut porter à son enfant, et ce dernier était dévastateur, voir destructeur. L'idée de le récupérer avait d'abord germé dans un coin de son esprit, avant de s'insinuer pernicieusement dans tout son être, irriguant son sang et le moindre de ses songes. Cédric était à elle. La sorcière l'avait porté dans son ventre des mois durant, et c'était seule qu'elle avait accouché dans la douleur. Mère célibataire, elle s'en était occupée du mieux qu'elle pouvait, traversant les hauts comme les bas, il avait été hors de question de le mentionner à ses parents tout comme au sorcier. Leur rupture ayant précédé sa découverte, le secret lui avait paru être la meilleure solution pour éviter davantage de désagréments, ou qu'il ne la prenne en pitié. Force était de constater, que peu importait le choix qu'elle faisait : tout empirait à chaque fois. Estimant cependant avoir suffisamment payé pour ses actes, elle se tenait désormais devant lui, pour obtenir son fils, probablement la seule chose qu'elle n'avait pas raté dans sa vie. Et si il s'opposait, elle saurait répliquer, le blesser si il fallait. Sa vision se floua subitement, en était elle vraiment capable ? Elle n'en était plus si sure, et voir Amos remettait en question beaucoup de ses certitudes. Était elle vraiment là pour Cedric ou pour lui ? Le désir ardent de le revoir avait il été masqué derrière le voile maternel ? Sans doute. Il avait été le premier et le serait toujours, en cela il possédait une place particulière dans son coeur. Renoncer à lui, avait signé la perte d'une partie d'elle même. Charlotte avait pourtant espéré avoir la force et le courage de partir loin, afin de l'oublier, et qu'il se remette de toute la peine qu'elle avait pu causer mais elle en avait été incapable. C'était plus fort qu'elle, comme si un aimant la ramenait constamment sur son chemin. Ils étaient deux lignes qui ne pouvaient se défaire, perpétuellement obligées de se croiser et de se recroiser. « J'imagine que tu parles de Cedric. » Elle ne su dire si elle lisait de la déception sur son visage ou juste de l'agacement. Peu importe ce qu'il pouvait éprouver en l'instant même, elle était amplement heureuse de susciter chez lui un soupçon de réaction, fut elle négative ou non. « Tu aurais préféré que je vienne pour toi Amos ? » Inclinant légèrement la tête, elle remonta le col de son manteau tout en frissonnant, le temps maussade n'était visiblement pas de son côté. Plusieurs secondes passèrent, sans qu'elle ne le quitte du regard, capturant chaque détail avec parcimonie, car bien que ce fussent des retrouvailles, celles ci avaient un gout amère d'adieux. « Chez moi, comme tu dois le savoir, puisque j'imagine que tu venais le voir. » Ayant la confirmation de ses investigations, elle en fut aussitôt rassurée, quand bien même le doute tiraillait encore ses entrailles. Elle avait peur que Cedric ne se souvienne plus d'elle, ou pire, qu'il ne l'aime plus. « De toute façon, il est absolument hors de question que tu le revoies. Tu as déjà fais assez de mal comme ça. » Ah! Elle le reconnaissait bien là, et elle fut ravie de voir qu'il n'avait pas changé - son Amos était quelque part la dessous camouflé derrière la haine -, ce qui ne manqua pas de la faire sourire subrepticement. « C'est mon fils, tu ne pourras pas m'empêcher de le voir, tu le sais aussi bien que moi. » Elle se remémora l'image du bébé chétif dans ses bras, les paupières closes, dormant paisiblement, et son cœur se serra immédiatement. « Je veux juste le voir Amos, je te le demande poliment. » S'empressa t-elle d'ajouter, ses doigts se crispant instinctivement sur sa baguette, qu'elle avait lentement levé le long de sa jambe. « S'il te plait. » Elle ne demandait pas la lune, mais un simple geste de sa part qu'il était en mesure de réaliser. Si seulement il avait pu comprendre ce que c'était, et échanger leurs places ne serait ce qu'une seconde, peut être aurait-il saisi et vu à quel point elle regrettait. A quel point elle se haïssait et se dégoutait. A quel point l'avoir fait souffrir la hantait jour et nuit. A quel point elle lui appartiendrait toujours en dépit des circonstances. A quel point elle avait besoin de lui. De son pardon.