Regulus Black SPELLS : 118
AVATAR : Logan Lerman
until the end | Sujet: tout secret est une révolte (violet) Lun 5 Aoû - 17:52 | |
| La porte claqua. Un grincement étouffé lui répondit quelque part dans la maison. Puis, on entendit Kreattur maugréer faiblement au sous-sol. Le 12 square Grimmaurd allait ainsi, empli de sons, jamais en repos. La seule et unique fois que je l'avais vu silencieux, c'était la semaine ayant suivi le départ de Sirius. Tout s'était alors figé, comme pris dans la glace. Ça avait fondu, cependant. La nature regagne toujours ses droits. J'attendis donc dans le calme bruyant de la demeure familiale. Assis sur le canapé de cuir du salon, je patientais, guettant l'oreille pour saisir l'arrivée de Violet sur le perron. Bien que je la détestas, je brûlais d'impatience à l'idée de la revoir. Il me fallait raconter à quelqu'un mon entretien avec ma mère, le plus rapidement possible en fait. Je l'avais complètement roulé et maintenant elle était partie, une fois qu'elle eut balancé la porte avec sa force habituelle. Walburga Black n'était pas femme que l'on pouvait berner. J'avais pourtant dû lui mentir à l'instant, et cela relevait de l'exploit. Je lui avais raconté, sans ciller une fois, que mon premier rendez-vous avec ma fiancée s'était parfaitement bien déroulé. La fille Avery, avec qui ils m'avaient arrangé des noces, me convenait à merveille. Je la trouvais charmante, retenue, elle honorait notre sang avec brio. Évidemment, rien de tout ceci n'était vrai. Je lui avais gueulé dessus, je l'avais fait pleurer et je m'étais enfui pour bien clore. Que je l'aimasse ou non n'était pas la question, c'était plutôt que j'étais si révolté contre ce mariage arrangé qu'il en avait résulté ainsi. Mes réponses aux multiples questions de ma mère avaient été succinctes, impeccables, dites sur le bon ton. Le moindre doute ne pouvait percer son esprit. Fier de mon coup, j'attendis de pouvoir le lui relater. J'étais d'humeur instable ces temps-ci, même si je ne le laissais point paraître. Violet figurait dans les rares personnes à qui je pouvais montrer mon vrai visage. J'en étais trépignant sur le canapé, comme un feu qu'on aurait laissé mijoter trop longtemps. J'avais envie de hurler ma haine de la vie adulte à quiconque en avait été éprouvé. Le déménagement, les fiançailles, la formation au Ministère, tout allait trop vite. Et dans tout ce tourbillon, on me lançait des roches. Des roches acérées qui saignaient mon cœur. Ces roches, je les appelais Bellatrix et les heures passées en sa compagnie dans les souterrains de Londres. Ces roches qui taillaient mon corps et mon âme en pièces, c'était mes missions de Mangemort, mes rencontres de Mangemort, mes obligations de Mangemort. Toutes les ténèbres que je n'étais pas pouvaient enfin ressortir sur mon visage. Mon visage abattu, cerné, fatigué, offert tout juste pour Violet. Mon visage de fantôme, de petit garçon abandonné gardé dans les limbes de souliers trop grands pour lui. Mes pensées erratiques se bousculaient à l'approche de cette fille qui se prenait pour ma sœur, que j'aimais et abhorrais tant, tout à la fois. J'attendais avec une excitation déplacée, me demandant ce qu'elle tenterait d'obtenir, ce que je lui défendrais. Je savais qu'elle m'attaquerait, cette furie, et je devrais tout lui cacher. Mon être tremblant se levait en signe de révolte, je l'entendais arriver. Il était temps de livrer bataille, je le savais que trop bien. L'empêcher de lacérer mon masque, la prendre à revers, la déboussoler pour qu'elle n'apprenne pas mon secret. Mangemort, je devais l'être pour moi seul, me répétai-je. Chaque minute était un combat. Je passais chaque instant à sauver mon honneur. Il ne s'affaisserait pas devant cette vipère. Je m'en faisais la promesse. L'air de marbre, mais peut-être plus accablé et défait que jamais, je la reçus donc dans le hall. Je distinguai son joli minois dans la pénombre et sa silhouette menue entre les deux murs étroits. «Bonjour Violet», dis-je doucement. Et je retournai dans le salon, attendant qu'elle me suive. |
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