Je soupirai d'aise. Je n'étais pas mécontent que ma mère dusse quitter en hâte. Ces derniers jours, elle ne cessait de me mitrailler de questions sur ma fiancée. Elle voulait connaître tous les détails qu'elle pourrait utiliser contre elle. Une Avery. Quelle honte. Elle n'en revenait toujours pas que mon père ait pu conclure un tel pacte entre nos deux familles. Il était de notoriété publique que les Avery étaient la figure de proue d'une richesse peu enviable. Je n'accrochais personnellement pas sur ce détail, jugeant la réaction de ma mère exagérée. Aussi étais-je satisfait de la voir disparaître sous les trombes d'eau. Un hibou aux plumes toutes retournées, volant en zigzags, lui avait délivré un message l'obligeant à me laisser un instant plus tôt. Je pouvais enfin me détendre, écoutant la respiration de l'autre vieille Sang Mêlée qui prenait mes mesures ou l'eau furieuse s'abattant en torrents sur les vitres. J'aimais la pluie. Elle m'apaisait. Je n'étais pas gêné d'être mouillé, c'était pour moi un déchaînement de vie qui me prenait aux tripes, comme un gamin. «J'ai terminé», annonça la vieille en arborant un large sourire. Je me regardai dans le miroir. Mes cheveux dégoulinaient encore. J'avais des cernes sous les yeux. Par ailleurs, la coupe de la robe m'allait très bien. «Vous êtes un homme, maintenant», ajouta Mme Guipure, tournée vers le miroir, l'air affectueux. J'inclinai légèrement la tête en sa direction, un mince sourire étirant mes lèvres. «Merci, je prends le tout», acquiesçai-je. Je me dirigeai au comptoir pour payer. Tandis que je défaisais le nœud de ma bourse, je sentis comme une présence derrière moi. Je me retournai, circonspect, mais n'aperçus que la pluie mouvante par-delà la devanture, qui frappait les vitres violemment. Un affreux pressentiment m'assaillit. Sans savoir pourquoi, j'étais convaincu que quelqu'un avait le nez collé à la vitrine un instant plus tôt. Mon imagination me repêcha avec une facilité déconcertante et s'emballa très vite. Et si on m'attendait au pas de la boutique? Étais-je suivi? On m'avait maintes fois averti des risques du métier. Être Mangemort impliquait qu'on mette, quelques fois, sa vie en péril. Décidé à chasser ma peur, je m'empressai de remettre l'or nécessaire à la vendeuse de prêt-à-porter pour sortir dans l'allée aussitôt. Avant de pousser la porte, je fourrai ma main dans ma robe pour agripper ma baguette. Vigilance constante, tel était le mot d'ordre qui circulait des deux côtés. D'autres adeptes circulaient régulièrement sur le Chemin de Traverse, mais j'étais pour l'instant seul. Aussi seul qu'une bête prise en tenaille, sans défense. Je tus mon cerveau qui s'emportait trop vite à mon goût et sortis. Le premier éclair éclata juste au-dessus de ma tête. Il fracassa l'enseigne de Mme Guipure qui tangua dangereusement dans ma direction. Sans attendre, je roulai sur le côté et me relevai pour faire face à la situation. Mon cœur poussait des plaintes terrifiantes, se butant sur mes côtes comme un dément, cherchant vraisemblablement à s'extirper de ma poitrine. Je respirai avec difficulté, l'adrénaline coulant à flot dans mes veines. Si seulement je pouvais les voir. Le ciel rugissait, la pluie s'écrasait presque en boulons, inondait l'allée. Je respirai encore de peur d'être submergé. Scrutant les alentours, baguette à présent levée, je tentai de refluer ma panique. Mon premier réflexe, après ma roulade, avait été de vouloir transplaner. De toute évidence, ils avaient jeté un sortilège m'en empêchant sur toute la zone. À moi de me battre, l'heure était venue de faire mes preuves chez les Mangemorts.   

la nuit du chasseur
hello darkness my old friend
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Le ciel était teinté de gris, ponctué de la masse sombre des nuages alors qu'une pluie battante tombait avec force sur le chemin de traverse tandis que le froid mordant du jour qui se levait s'engouffrait sous les vêtements des quelques sorciers qui traversaient l'avenue emmitouflés dans leurs capes aux couleurs chatoyantes. Ils étaient rares, les badauds, à se promener en cette heure matinale dans l'avenue sorcière la pluis célèbre de Grande Bretagne, une poignée d'habitués venant se réchauffer au Chaudron Baveur avant d'entamer leurs journées ou encore les avides de bonnes affaires parcourant les boutiques aux enseignes vernies en quête des meilleurs produits. Postée dans un coin sombre, à l'angle de deux boutiques en face de celle de Madame Guipure, je frissonnai, resserrant mon écharpe autour de mon cou sans quitter des yeux le magasin qui me faisait face. A l'intérieur le jeune Black que Franck et moi devions arrêter pour le compte de l'ordre. Je ne cessai de fixer la boutique, tentant de distinguer les ombres qui se mouvaient au travers des vitres. L'une d'elle étaient ma proie. Notre proie. La chasse ne faisait que commencer.

La pluie battait fort, collant mes cheveux bruns contre mon visage mais je n'y faisais pas attention, ne détachant pas mon regard de la devanture. Tout était question d'u moment. Un soupir, un geste qui ferait la différence entre défaite et victoire. Entre vie et mort. Nous ne devions pas rater cet instant. Soudain, il y eu un mouvement à l'intérieur. Je tressaillis, serrant d'avantage ma baguette dans la main droite en respirant lentement. Je devais rester concentrée, être attentive à la moindre faille. Tout à coup, Black sortit de la boutique, observant autour de lui. Aucun doute, il savait que nous étions là ou du moins il s'en doutait mais l'effet de surprise s'effritait peu à peu, il nous fallait agir vite, très vite. Un regard en direction de Franck qui acquiesça puis je sortis ma baguette d'un geste vif. C'était le moment. « STUPEFIX ! » m'écriai-je. L'éclair frappa avec force contre l'enseigne, ratant ma cible. Je jurais alors que Black roula sur le côté, évitant un coup qui aurait pu être violent. Lentement je m'avançai vers lui, la baguette tendue sans le quitter du regard. « Rends-toi Black. » déclarai-je d'un ton sec. Les sourcils froncés, je fixais le jeune mangemort, à mes côtés  Franck était prêt également. Deux contre un mais il n'en était pas moins redoutable, en aucun cas nous ne devions le sous estimer.

Franck n'ayant pas répondu, je me permets.

Plus que ma place chez les Mangemorts, c'est ma vie qui était en jeu. L'information avait fugacement traversé mon esprit et prenait prise sur tout mon corps. Il palpitait de la tête aux pieds, je le sentais plus que jamais. Le sang affluait et refluait, tournoyait en bouillons, se jetait en torrents. Mon cœur faisait des sauts vertigineux avant de rebondir dans ma poitrine. Ma gorge était serrée. Et pendant ce temps, la pluie tombait, tombait. Elle ne tombait pas, elle hurlait, se déchaînait, claquait, giflait. Le ciel, menaçant, grondait et les nuages noirs se fracassaient les uns sur les autres. J'aurais voulu être n'importe où ailleurs. J'entendis une voix féminine, sèche, sans réplique, me dire de me rendre. C'était la même voix qui avait jeté le sort un instant plus tôt. Sous le coup de la peur, incontrôlable, qui me mordait le ventre, j'éclatai d'un grand rire. Un rire faux. Un rire qui soulage. Croyait-elle vraiment qu'elle m'aurait par la simple force de son dire? Non. Ses paroles n'étaient rien, elles se brisaient sous la pluie diluvienne. Je m'apprêtai à répondre, la cherchant toujours des yeux. J'étais certain qu'elle n'était pas seule. C'est à ce moment qu'une grande forme lumineuse, bleutée, traversa les abats d'eau en filant. Je ressentis une brusque chaleur à son passage, mais elle s'évanouit aussitôt. Puis je compris ce que c'était. Un Patronus. Il y eut un instant de flottement, où tout le monde semblait attendre. L'averse continuait de taper, mes oreilles étaient sourdes. Enfin, il y eut une onde rougeâtre, un pop de transplanage et encore une onde. Je compris trop tard que le sortilège m'empêchant de transplaner avait été levé un court instant pour laisser partir un combattant. Il avait ensuite été replacé, stoppant toute fuite. Je grognai. Je me dis, en dépit de cause, qu'il y en avait un de moins à neutraliser. En fait, j'eus le pressentiment que seule restait la fille. Nous étions seule à seul. Un vrai duel magique. À la loyale. Aussitôt, comme si une décharge électrique me traversait, je me mis à hurler à pleins poumons : «INCARCEREM! REDUCTO! BOMBARDA!» L'action s'était emparée de moi tout entier. Il n'y avait aucune seconde à perdre. J'étais pris ou je la tuais. Je courus plus loin sur le Chemin, mon dernier maléfice devait arracher un bon pan de l'allée.