Early childhood.
Tambourinant contre la porte encore et encore, elle ignorait la douleur qu'elle ressentait passée à frapper depuis une heure dans l'espoir rapidement déçu qu'on lui ouvrirait la porte. «
EVAN OUVRE MOI ! OUVRE-MOI JE T'EN SUPLIE, EVAN ! » hurlait-elle, tout en dénigrant ses parents. Ce dont elle avait besoin était son frère, elle voulait celui qui avait été le
seul à lui avoir témoigné de l'amour. Ses larmes commencèrent à rouler sur ses joues sans qu'elle ne sache pourquoi maintenant, pourquoi après tout ce temps. Ce n'était pas la seule première fois qu'elle recevait ce genre de traitement. Et malgré son jeune âge, elle savait que ça n'allait pas être la dernière non plus. Comme si elle se rendait compte finalement qu'elle ne provoquerait aucune réaction, que tout cela était vain, elle s'arrêta abandonnant l'idée d'attirer son attention . Elle se posa sur la première marche à sangloter, silencieusement. Elle voulait s'arrêter, sachant que si quelqu'un débarquait maintenant, elle risquait d'être encore plus réprimandée. Elle essayait d'arrêter ses pleurs ; haletante, son souffle lui manquait. Elle était prise de spasme. Plus elle s'évertuait à s'arrêter, plus elles semblaient devenir plus forte soulevant sa poitrine. L'air qu'elle essayait d'inspirer, ne semblait pas atteindre ses poumons, elle s'efforçait à faire de grandes inspirations et rejetait l'air de toutes ses forces, mais rien n'y faisait, l'oxygène dont elle tentait de forcer le passage, ne semblait pas passer son pharynx. Elle ne sentait bientôt plus que la saveur salée ses pleurs . Elle suffoquait. Elle avait besoin d’appeler quelqu'un. Elle cogna une dernière fois contre la porte, lui demandant toute la force qu'elle disposait. C'était en fait les derniers efforts qu'elle fournissait. Posant sa tête sur le côté, à même le sol, sa peau frissonna au contact du froid de la pierre, elle pouvait sentir chaque particules de poussières emprisonnées sous sa joue. Le frais la calmait. Elle n'écoutait plus le rythme heurté de ses battements de cœur ; une dernière larme et elle regardait ce qu'il y avait devant : elle ne distinguait rien. Simplement la noirceur. Seulement les ténèbres ; auquel elle ne pouvait visiblement se soustraire, elle se recroquevilla pour se rassurer. Sentant ses paupières s'alourdir, elle les frotta pour ne pas se plier à l'envie de s'assoupir. Après quelques secondes de résistance, elle finit par céder à l'envie de les fermer juste un petit peu, pour se reposer. Elle inspira, inhalant toutes la poussière amassée en face d'elle sans protester. Quand la porte s'ouvrit, Léonie avait perdu conscience. Aucune des personnes n'eut le moindre remord.
Eleven : Education..
Un craquement. Son bras venait de disloquer, elle saisit sa baguette par celui qui n'avait pas été touché. Son membre supérieure semblait attirer par le sol, sentant la gravité s'exercer sur elle. Elle était incapable de le faire réagir, il ne répondait plus à sa volonté. Il fallait qu'elle fasse vite, il n'allait pas attendre pour l'attaquer à nouveau. S'agenouillant, elle prit une branche ternie qui traînait sur le sol et le mis entre ses dents et mordit le plus fortement possible. De son autre main, elle tira sur son bras pour voir où est ce qu'il fallait pousser pour qu'il se raccroche à l'autre extrémité de son avant-bras tout en luttant contre le désir d'hurler. En prenant une grande inspiration elle exerça une forte pression, ne pouvant s'empêchant de gémir, jusque ce que l'os soit finalement rattaché au seul élément qui lui permettait d'être raccroché au tronc. Elle cracha le morceau de bois sur le sol en poussant un soupire de soulagement. Par habitude, elle savait qu'instantanément la douleur s'en irait. Avec une pointe d'appréhension, elle tendit son bras et saisit … spontanément sa baguette.
Parfait. Elle resta un moment immobile. Posant un genou sur le sol, elle tournât sa tête vers le ciel à l'affut du moindre manifestations qui pourraient l'aider à déterminer sa localisation. Les oiseaux étaient agités plus à l'est. Bien qu'il faisait jour, elle ne pouvait rien distinguer. C'est comme si l'obscurité accompagnait continuellement ce lieu. Par prudence, elle allait vérifier qu'elle n'avait rien, elle se releva et enleva son parka qu'elle posa sur une des proéminentes racines de l'arbre qui se trouvait le plus proche d'elle. Palpant d'abord son visage, elle pouvait sentir une bosse sur son front, une plaie sur sa joue ; puis descendit au niveau de son cou ainsi qu'au niveau de son torse, elle avait quelques égratignures, mais rien de très douloureux, elle n'avait rien sentit au niveau de ses bras, puis arriva enfin au niveau de ses jambes, lorsqu'elle posa sa main sur ses cuisses, elle poussa un râle, sentant une douleur sur à sa jambe gauche qu'elle avait sans doute ignoré par la forte concentration d'adrénaline qui avaient coulé dans ses veines plus tôt. Le saignement était mineur,
par chance ça n'avait pas touché son artère fémoral, elle pouvait néanmoins sentir que la plaie était profonde, il y avait une espèce d'excavation grossière. Elle n'allait pas pouvoir se déplacer correctement. Elle se rhabilla, prenant la précaution de remonter sa capuche sur la tête, elle avait peur que sa blonde chevelure soit remarquable. «
Lumos » dit-elle, Baguette en main, elle marchait à pas feutré, soulevant une de ses jambes par la simple articulation entre son bassin et cette dernière, incapable de contracter les muscles plus bas. Regardant tout ce qui l'entourait avec suspicion, prête à se défendre à la moindre agression, elle n'avait plus qu'à faire une centaine de mètres. Il n'y avait plus un bruit, le silence ne faisait qu'accroître sa méfiance. Une jambe après l'autre, elle marchait de plus en plus lentement, amortissant au maximum le bruit que faisait l'impact de son corps sur l'empilement de branches et de feuilles qui recouvraient la terre. Une seconde d'inattention lui fallut pour qu'elle se retrouve à même le sol, la jambe déjà mal au point, prise en étau entre un piège artisanal, elle s'efforça à ne pas crier, mais il était déjà trop tard, son étalement sur le sol
l'avait alerté.
Il avait compris qu'il n'y avait qu'un moyen pour lui de s'en sortir,
tuer ou être tué. Plusieurs heures auparavant, on l'avait enlevé et emmené dans ce bois où on l'y avait abandonné. Il avait parcouru plusieurs fois la forêt dans l'espoir de trouver la sortie, sans qu'il n'y parvienne. À chaque fois il s'y enfonçait encore plus.
C'est une mauvaise blague s'était-il dit. Pensant qu'il était le seul à l'intérieur sans savoir qu'une autre victime avait été trainée de force pour participer à ce jeu sordide. Elle l'avait prise par surprise, il marchait nonchalamment, laissant des indices en évidence, sans savoir qu'il était
sa proie. Au détour d'un arbre, ils tombèrent l'un sur l'autre, se heurtant de plein fouet, elle ne paraissait pas surprise de le voir. Elle sortit sa baguette. Il recula d'un pas, pas parce qu'il avait peur d'elle, mais parce qu'il avait peur de l'effrayer,
elle. Elle semblait tellement innocente que l'idée même qu'elle était dangereuse ne lui effleura l'esprit - «
Tu t'es perdue ici aussi ? », elle avait l'air hésitante, l'envie de répondre se lisait sur son visage, mais quelque chose la retenait. Elle mordillait légèrement sa lèvre inférieure, elle avait baissé ses beaux yeux sur le bas côté, pensive. Quand elle reposa son regard sur lui, le regardant droit dans les yeux il ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise, elle semblait plus jeune de quelques années, deux ou trois tout au plus, pourtant la façon dont elle le dévisageait, semblait contraster avec la candeur de son visage, presque adulte. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas éprouver du désir pour elle, pourtant quelque chose le retenait sur place, incapable de bouger d'un cil, le souffle court, comment pouvait-on appeler ça autrement ? Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle baissa ses yeux, s'arrêtant sur la baguette qu'il tenait dans la main. «
N'aies pas peur, je ne te ferais aucun mal » ; cette-fois elle ouvrit la bouche, mais rien ne sortit tout de suite, au bout d'un moment elle fit un simple sourire. Son geste fut tout à fait
perceptible, pourtant une éternité semblait s'être écoulée avant qu'il ne réagisse. La première chose qu'il entendit de sa voix cristalline fut
« Petrificus Totalus »
« Protego » répondit-il lorsqu'il vit finalement la baguette inclinée vers sa direction.
Elle fit plusieurs essais, en vain. Elle manquait d’expérience, il arrivait à éviter chacun de ses sorts. Même après plusieurs de ses assauts, il n'essaya pas de l'attaquer une seule fois. Il pouvait voir la réticence dans ses yeux, son regard s'attarda sur sa main, elle avait du mal à tenir sa baguette, voyant son index se contracter de lui-même, comme si elle ne le contrôlait plus. Il fit un pas vers elle. Quand elle croisa à nouveau son regard - comprenant sans doute qu'elle n'allait pas y arriver, elle se retourna et commença à essayer de le fuir, courant dans la direction opposée, cherchant désespérément à le semer. Il continua à lui courir après. Il l'avait entendu. Même si elle ne prononça aucun mot, il en était sûr, elle lui avait demandé silencieusement de l'aider, de la sauver de quelque chose. Quand elle s'arrêta brusquement, il ne bougea plus non plus, de peur de tomber à nouveau dans un piège, gardant une certaine distance entre eux. Il ne savait pas ce qu'elle allait faire, mais il sentait que ça n'allait pas être à son avantage, il reculait tandis qu'elle se relevait. Se faisant face à face, elle semblait avoir mis au placard toute l'innocence qu'elle arborait quelques minutes plus tôt. Elle était déterminée, il le savait, déterminer à ne pas manquer sa cible. «
Ne t'approche pas où je risque de te faire mal ». Elle ne fit rien... au début. à nouveau elle baissa son regard, complotant quelque chose. Se décidant finalement, elle fit un pas en avant et retenta d'utiliser son sort, même si l'envie lui manquait, il lui toucha au bras, il put entendre un craquement, elle se mit à crier de douleur, des larmes roulaient sur son visage. Jamais il n'avait voulu la faire souffrir. Pourtant, comme si elle cherchait à se faire mal, elle avança à nouveau d'un pas, l'obligeant à la blesser cette fois à une de ses jambes. Elle eut juste le temps de prononcer «
Lumos solem » avait de disparaitre. Il l'avait finalement retrouvé, elle était étendue là, sa mobilité entravée. Sans doute le cœur trop pur, il avait pour ambition de la désarmer et de la ramener avec lui, et découvrir peut-être pourquoi elle s'était comportée comme une harpie. Il se rapprochait d'elle, restant attentif à chacun de ses mouvements. Pas d'entourloupe, de manœuvre caché. Lorsqu'elle se trouvait juste en dessous de lui, elle tenait sa jambe ensanglantée, la respiration saccadée, elle devait souffrir le martyr. Doucement, il se mit face à elle. À nouveau
ce regard. Il s'abaissa pour la libérer du piège qu'il avait confectionné plus tôt. Sa jambe était coincée dans la terre, prisonnière car le piège se trouvait sur un enfoncement dissimulé par le feuillage. Lorsqu'il introduit sa main, il sentit
seulement le piège, il releva sa tête l'interrogeant du regard, elle ne semblait pas comprendre, il décala alors sa main un peu plus vers la gauche et attrapa sa cheville en la relevant avec aisance. «
Aoutch » dit-elle avec un sourire railleur tandis qu'il la tenait toujours. Sa conscience lui disait de réagir maintenant, de lancer un sort. Son instinct lui gueulait qu'elle n'était pas coupable, même après son attaque quelques heures auparavant, même maintenant qu'elle l'avait berné. Se fut seulement quand il ne pouvait plus bouger une seule fibre de son corps, qu'il se força admettre son erreur de jugement..
fatal.
Quand elle arriva enfin à le pétrifier, elle brandit aussitôt sa baguette vers le ciel, donnant le signal, elle fit plusieurs signaux lumineux. Un seul voulait dire que sa vie était menacée et qu'il fallait intervenir, deux signifiaient qu'elle avait eu sa cible. Comme si Dellabee avait toujours été là, l'observant probablement discrètement pour intervenir au moment où il le fallait, elle apparut chevauchant son balais et sauta de celui-ci à une distance de deux mètres. Atteignant le sol, elle s'attarda rapidement sur Léonie et fixa avec attention l'homme qu'elle venait de traquer. «
Expelliarmus » prononça-t-elle, désarmant le captif. «
Il aurait pu t'avoir. » dit-elle sur un ton de reproche. «
Sortir avec sa jolie baguette scintillante pour voir dans l'obscurité tout en s'enfonçant vers sa direction, se blesser à la jambe en étant imprudente, laisser un filet de sang à chacun de mes pas, lui faire croire que j'étais tombée dans un piège par inadvertance . Ne me sous-estime pas ; je voulais qu'il me retrouve. » répondit-elle avec une voix sarcastique, contrariée par le manque de confiance que lui témoignait sa cousine au second-degré. Son père l'avait jeté ici avec un sorcier plus âgé, tout en sachant qu'elle allait être la plus vulnérable, n'ayant dans son sac que quelques sorts élémentaires. S'il y avait eut un duel, elle aurait perdu. Le début bien était raté, mais elle s'était rattrapée sur la fin.
Les yeux de son prisonnier tantôt la regardaient , tantôt Dellabee. «
tu dois te demander ce qui se passe » dit-elle avec un sourire étrangement rassurant. «
mon père a toujours aimé les mis en scène. De temps en temps , il me ramène quelqu'un sur qui je peux m'exercer », ses yeux cherchaient à déchiffrer les émotions du jeune adolescent incrédule. Elle se rapprochait, posant sa main délicate sur la joue de son otage, tout en la caressant, ses prunelles scintillait, le regardant dans les yeux, elle dit «
J'essaierais d'être efficace. Tu ..ne souffriras pas longtemps. Si ça peut te rassurer, il vaut mieux que ce soit moi, qu'eux ; je suis bien plus douce. ».
«
Tu es sûre que tu en es capable ? Ce sortilège est enseigné en sixième année, tu es encore trop jeune. » Dellabee avait posé la question, mais elle connaissait très bien la réponse, Léonie n'avait pas le choix, si elle rentrait sans essayer, son père s'en prendrait à nouveau à elle.
Il ne comprenait plus rien, il voulait fermer les yeux et se réveiller dans son lit, puis rire ensuite, comprenant que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve ; un cauchemar où une fillette venant de rentrer dans sa première décennie voulait le tuer pour se complaire dans sa famille d'aliénée. Quand elle pointa sa baguette en direction de son cœur, des sueurs froides semblaient ruisselé sur son cou. «
Stupéfix » dit-elle avec assiduité. L'espace d'une seconde, il crut que cela avait marché, son cœur avait fait un violent raté. L'envie d'hurler le gagnait, l'envie de se débattre pour que son corps puisse à nouveau bouger, il se concentra de toutes ses forces, espérant un miracle pour effectuer un mouvement, n'importe lequel. Sa bouche ne pouvait pas parler, mais ses yeux criaient, l'imploraient. Son tortionnaire semblait vouloir aller plus vite, ayant sans doute remarqué sa détresse «
Stupéfix » répéta-t-elle, son regard se voulait confiante, son mouvement était ferme bien que légèrement maladroit. Il avait essayé de bouger son corps, se décaler pour pas que son organe vitale soit touché, il avait envie maintenant de sangloter, la peur que sa vie s'achève ici. Il voulait voir ses proches, il voulait leur dire à quel point il les aimait. Il aurait voulu devenir le sorcier que ses parents n'auraient jamais pu espérer, lui au sang-mêlé, courageux face aux ténèbres. Encore une fois, son sort ne marcha pas. La plus âgée s'avança, faisant un signe à la plus jeune de reculer. «
Stupéfix », cette fois-ci... il sentit une douleur dans son thorax, son cœur désormais attardé, essayait tant bien que mal à se contracter. Elle venait de lui paralyser son ventricule gauche, empêchant le sang oxygéné d'atteindre son organisme. Encore une fois. Cette fois-ci la souffrance était insupportable, il voulait se jeter à terre, se donner un coup pour faire réagir son organe vital. Elle prononça le sort une toute dernière fois, sa vue se troublait. Boum. Boum. Boum, …
Il mourrait. Elle voulait détourner ses yeux de cette scène insoutenable, mais son père l'interrogerait, elle se força à rester impassible tandis qu'elle pouvait imaginer sa victime se tordre de douleur. Lorsqu'il ne bougea plus, elle lâcha simplement «
On nettoie et on s'en va. » d'un air détaché. Sans s'en apercevoir, elle le regardait à nouveau de cette façon .
Elle pensait qu'elle avait réussi à le capturer par sa ruse, elle n'avait pas totalement tord. Ne s'étant pas rendu compte que tout au long qu'elle avait dévoilé ses sentiments à son insu. Aujourd'hui si elle croyait avoir brillé par sa stratégie, c'était ce qu'il y avait dans son cœur qui avait fait baisser la garde du nouveau défunt.
Thirteen : Family.
La blancheur excessive de son corps, privait ses couleurs naturelles, les nerfs épuisés, les veines bleuâtres, le froid qui la gagnait lui rendant les lèvres d'un beau violet. La seule chose qui semblait encore vivant chez elle se trouvait dans ses yeux dont l'iris au teinte claire mélangées de points noirs, brillait par des reflets autour d'une prunelle profonde et vive. Essoufflée, elle tendait le bras vers sa baguette, cherchant désespérément à la prendre en main, elle se força à se trainer encore plus près, elle ne pouvait presque plus sentir ses membres dus aux multiples plaies présents sur son corps qui semblaient vider tout le sang qu'elle possédait. Elle déglutit, encore quelques centimètres. Lorsqu'elle approcha sa main, prête à saisir la seule chose qui pouvait se mettre entre eux, un mouvement de baguette suffit pour démanteler chacun des neufs os qui composaient sa paume de main lui arrachant un cri perçant «
je t'en prie.. j'en peux plus.. j'ai mal » a-t-elle réussit à sa prononcer, sa voix étaient suaves, usée par les hurlements qu'elle avait poussé durant toute la séance. Si ça aurait pu atteindre certains, ses plaintes, chacune de ses exclamations, ses larmes semblaient donner encore plus d'intérêt à son père à s'appliquer consciencieusement à lui faire du mal. Une coulée pourpres l'entouraient, c'est à ce moment-là qu'il jugea qu'il était temps d'intervenir - en prenant la précaution de l'allonger sur le dos, il lui fit boire une potion de régénération, qu'elle s'empressa d'ingurgiter, elle ne pouvait pas sentir la saveur de la décoction, cependant la préparation l'aida à ravaler le liquide sécrété par ses glandes salivaires sous la stimulation de ses pleurs. Ce n'était pas suffisant, insatiable, elle en demandait encore de sa voix faiblarde due à la sécheresse de sa muqueuse ; n'ayant pas la force pour soulever et poser le verre vide, elle eut juste l'énergie nécessaire pour le retirer de sa bouche puis de s'appuyer avec labeur sur son flanc et de le laisser rouler doucement à côté d'elle. De manière inhabituelle, le verre revint vers sa direction, elle semblait comprendre ce qui allait se passer et eut juste le temps de mettre sa main devant ses yeux avant que celle-ci n'éclate près de son visage. Elle sentit les minuscules débris se loger dans sa peau, sous l'effet de la surprise elle ne sentit aucune douleur tout en abaissant sa main. Goutte par goutte, ses larmes glissaient le long de sa joue avant de tomber sur le granite. L'une d'elle s'était égaré sur ses lèvres, ouvrant la bouche, celle-ci vint au contact de sa langue. En sentant le goût ferreux, elle rapprocha ses doigts de ses yeux et essuya ce qui s'y écoulait, la couleur l'interpella ; écarlate. Tout semblait enfin clair, tout semblait enfin s'emboîter. Elle ferma les yeux, sereines. Lorsqu'elle les rouvrit, sa vision était trouble, elle se frotta plusieurs fois les yeux avant de pouvoir distinguer sa chambre. Il l'avait encore fait ; lorsque son legimens de père jugeait que les entraînements de la journée ne suffisaient pas, il n'hésitait pas à la tourmenter lorsqu'elle dormait, soufflant à son oreille ce qu'il lui réservait en ce nouveau jour. Elle était à bout de force par les épreuves quotidiennes qu'elle devait subir et les privations de sommeil régulières, tout cela commençait à se ressentir dans sa complexion, ses cheveux étaient emmêlés et commençaient à perdre ses reflets, elle savait qu’inéluctablement son corps allait commencer à se dégrader à son tour, physiologiquement elle avait de plus en plus de mal à cicatriser et à se remettre en forme après les
moments privilégiés qu'elle passait avec son père. Sachant, qu'elle n'allait pas pouvoir se rendormir, elle tira ses draps et essaya de se lever de son lit. Lorsqu'elle tenta de se mettre debout, elle sentit un élancement au niveau de son ventre, en soulevant sa robe, elle vit l'énorme ecchymose qui s'étendait jusqu'en dessous de ses côtes- il avait été plutôt mauvais hier. Elle sentit des palpitations en rabaissant son habit, effleurant sa peau boursouflée par endroit. Elle descendait maintenant les marches dans la pénombre tout en se tenant fermement à la rambarde, l'air glacé caressait ses jambes tandis qu'un frisson remontait le long de son échine.
Lorsqu'elle rentra dans la pièce, elle l'aperçut immédiatement, étendu sur le fauteuil, probablement endormi. Il semblait tellement apaisé, tous les muscles de son visage étaient relâchés sans laisser une marque bien qu'il passait son temps à tirer une expression tantôt moqueur, tantôt colérique, parfois agréablement souriant, ce qui était très rare en sa présence. Elle n'avait le droit qu'au venin putride qu'il crachait sur ceux qu'il considérait comme inférieur, inutile ou ignominieux. Une envie de lui arracher sa figure l'envahissait, chaque fibre de son corps tremblait d'un désir répugnant de lui faire du mal, elle voulait salir ce minois excessivement harmonieux, elle souhaitait le noyer avec toutes les larmes qu'elle avaient versé par sa faute, elle aurait voulu poser ses mains sur son cou et serrer jusque ce que sa nuque se brise ; elle aurait aimé réclamer
vengeance. Elle sortit son bras, rapprochant ses doigts de son visage où elle s'arrêta à quelques millimètres, incapable de presser sa peau contre la sienne. Elle pouvait sentir la chaleur se dégager de son corps ; pourtant elle avait l'impression qu'ils étaient si éloignés l'un de l'autre ; il lui manquait. Le temps s'était bien écoulé depuis le moment où elle pouvait innocemment presser sa main contre sur sa joue tout en lui souriant avec affection. En voyant la justesse de ses traits, donnant tous l'équilibre qui façonnait sa beauté, elle savait qu'elle ne pouvait pas ruiner ce chef d'oeuvre. «
Dis Evan, tu crois à la théorie de Lavater ? » chuchota-t-elle en le fixant. Elle affichait un pâle sourire en se rendant compte de l'absurdité de la situation. Là, maintenant il ne pouvait pas l'accabler de méchanceté et de mauvaises paroles à travers ces lèvres désirées par tant, ses paupières empêchaient son regard remplis de mépris de l'atteindre et il était incapable de lever sa main sur elle, entraîné vers la léthargie. La beauté du visage est une trace matériel des qualités humaines et témoin du fait que dieu a fait l'homme à son image, les laideurs au contraire sont induites par les vices telle était la théorie physiognomonique. «
Serais-tu monsieur Rosier, une exception de la nature ? » s'interrogea-t-elle en fronçant les sourcils. Son frère avait transgressé tellement d'interdit que si cette théorie aurait été fondé on ne reconnaîtrait plus
rien d'humain en lui. Il n'avait jamais aimé personne mis-à-part lui-même, il n'avait jamais rien fait pour contribuer au bien d'un autre, même pour celle qui partageait le même sang et la même chair que lui. Les seuls moments où il s’adressait à elle ou qu'il la touchait, ayant pour seule motivation d'assouvir ses violentes pulsions, elle sentit l'urgence d'en profiter maintenant, tant qu'elle le pouvait. Elle frôla de ses lèvres son front, un baiser imperceptible avant de courir vers sa chambre. Elle se cacha sous ses draps et attendit l'aurore. Lorsqu'elle redescendit plus tard, posant à l'instant son pied sur le sol, elle se sentit emprisonné contre le mur, une main maintenait son épaule, une autre était tendu contre le mur barrant un éventuel échappatoire , ils se dévisagèrent un moment, lui pour l'intimider, elle en repensant à son auto-discours qu'elle s'était faite lorsqu'il était inconscient. «
Entraînement avec les Avery ... tâche de te montrer à la hauteur » dit-il alors que sa bouche se déformait. Ce à quoi elle répondit par un sourire sarcastique «
Poignarder ; le faire s'écraser ; lui broyer chacune de ses entrailles suffira-t-il pour te plaire ? » en adoptant un ton moqueur qui contrastait avec son regard étrangement sérieux. Sa main lâcha son épaule, remonta, touchant du bout des doigts quelques-unes de ses longues mèches l'espace de quelques secondes avant de tenir fermement sa délicate mâchoire. Brusquement il avait tourné avec agressivité son visage sur le coté, faisant heurter sa joue contre le mur, ses yeux eux semblaient presque insensibles à son insolence, habitué à ses répliques occasionnelles. Immobile, elle n'osait pas lui faire face, elle restait de profil appuyée contre le mur. Il l'observa un moment, semblant vouloir en rajouter mais finit par partir. Enfant, ils s'entendaient plutôt bien, mais depuis qu'il avait prit conscience de sa réticence à exécuter les ordres de son père, son comportement se modifiait au fur et à mesure qu'ils grandissaient, il avait commencé à se railler d'elle, à l'ignorer et finalement à lui donner des corrections de manière physique, la punissant parfois avec des sortilèges douloureux pour impressionner leur père, tentant de reproduire son exemple
vainement, puisqu'il n'avait pas le même cran. Contrairement à leur paternel, il n'avait jamais utilisé de sortilèges impardonnables – ce qu'elle appréciait néanmoins . Il avait changé et si au début elle gardait l'espoir que c'était passager, elle se résigna au fil des années à accepter qu'elle n'était plus rien à ses yeux.
Sixteen : Genuine Love.
Elle fixait le heurtoir en forme d'aigle avec dédain, les sourcils froncés, une moue boudeuse, simulait une respiration forte pour montrer son mécontentement dû à son impatience, celui-ci lui refusait l'accès à la salle commune, elle venait de rater l'énigme et devait à présent attendre qu'un autre élève – plus brillant, de sa maison daigne lui ouvrir la porte. Lorsqu'elle se pencha pour voir si quelqu'un montait les marches vers son côté, s'appuyant de façon négligée sur la balustrade, un garçon s'était arrêté en même temps en la voyant remuer dans tous les sens, elle le remarqua enfin quand elle entendit son rire, elle lui fit un petit salut de main accompagné d'un sourire gêné. Pourvu, qu'il soit serviable – puisqu'elle s'était déjà humiliée. Arrivé à sa hauteur, il l’enjamba et frappa le heurtoir contre la porte, elle prêtait une oreille attentive à ce qui allait se dire. Quand elle eut fini d'écouter, elle tirait une tête dépitée. «
De quoi ? » pensa-t-elle. Potion d'amnésie enseignée en première année, il s'agissait de savoir s'il fallait remuer cinq fois dans le sens horaire ou à l'inverse dans le sens contraire à l'aiguille d'une montre. Elle était certaine que c'était dans le sens anti-horaire, en revanche elle était dubitative face au nombre de fois, dans ses souvenirs c'était entre quatre et cinq, soit le heurtoir avait arrondi, soit c'était un piège ; elle aurait aimé demander plus de renseignement, mais elle n'était pas sûre que cette
chose inhumaine sache dire autre chose que poser ces curieuses questions. Elle interrogea du regard le jeune homme à côté d'elle qui répondit sans la consulter «
Inverse », la porte s'ouvrit. Il se retourna vers elle et fit un signe de la main toujours souriant, pour qu'elle passe avant lui . Elle essayait d'être convaincante, son sourire était taquine, contrastant face à ses yeux qui ne riaient pas ; fasciné par cet inconnu. Lui, se contentait de l'observer tout simplement, sans insistance. Ce fut leur première rencontre. Elle ne lui avait jamais parlé, mais entendit plusieurs fois son nom de la bouche de ses camarades. Un sang-pur, plus âgé, il n'était pas particulièrement beau, mais elle lui reconnaissait une certaine carrure qui imposait l'admiration de certains et la convoitise de certaines. Quand elle se rendit compte de son existence, elle le croisait partout sans s'en être aperçu plus tôt, insensible jusque là à sa présence. Loin de le chercher du regard, lorsqu'ils se croisaient, elle lui adressait tout de même toujours un sourire de convenance. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi elle était maintenant sensible à chaque petit moment qu'elle passait avec lui. Des mois s'étaient passés et mis à part des marques de politesse, ils ne s'étaient plus adressés la parole . Finalement le destin les réunit une nouvelle fois dans la pièce qu'elle avait cherchée désespérément à pénétrer il y a quelques temps plus tôt. Il était en train de lire les articles publiés sur les continuels massacre de moldus ; elle essayait de lire entre les lignes du courrier qu'elle avait reçu de ses parents. Ils étaient devenus encore plus prudents depuis que le Seigneur des ténèbres s'étaient fait connaître des moldus. Ils la prévenaient qu'ils étaient partis à la recherche de certains membres éloignés de leur famille, ce qui l'interpella outre le fait que ses parents n'avaient jamais accordé de réel importance à ceux qui n'avaient pas porté leur nom, était le mot qu'ils avaient employé :«
our kind ». De qui parlaient-ils ? Elle jeta avec beaucoup trop d'entrain la lettre dans les flammes qui réchauffaient la pièce dans laquelle ils se trouvaient à deux. «
Mauvaise nouvelle ? » demanda-t-il, elle n'avait jamais remarqué qu'il avait une voix si profonde. «
Je ne sais pas encore.» dit-elle simplement. En abaissant sa tête, pour lire le titre de l'article elle fit un léger sourire narquois en détournant ses yeux «
Mais sûrement moins tragique que ceci » ajouta-t-elle. Elle n'avait que faire de ces tueries de plus en plus répétées, cependant elle avait compris que même si les discutions étaient privilégiées dans sa maison, ce sujet restait sensible. Elle avait donc tenté de cacher son parti, sympathisant avec des élèves de toutes les maisons, défendant parfois des né-moldu pour dissimuler son aversion attendue de ses paires. Il était vrai que jusqu'ici sa famille n'avait marié leur enfant qu'avec des personnes possédant les mêmes propriétés qu'eux et avait même rejeté par leur passé les sang-mêlé dans leur pays natal. Elle se retourna vers lui, attendant une réponse, elle était curieuse de sa position dans ce conflit. Il était en train de la dévisager, restant silencieux peut-être méfiant ; Elle se posa dans le fauteuil en face de lui, affichant un sourire qui se voulait amical, elle lui demanda «
A quoi tu penses ? » ; «
Je me disais juste que la princesse s'intéressait pour la première à moi » répondit-il, «
Quelle princesse ? » demanda-t-elle en souriant amusée «
Pas mal de personnes racontent que tes parents t'ont fait baptiser comme l'étaient les rois dans ton pays ». Ses joues s'empourprèrent en attendant l'explication «
Ne te moques pas de moi ! » s'écriat-elle en riant encore plus fort, trop embarrassée pour nier. « ...
Ma mère a eut la folie des grandeurs, sans doute pour marquer le coup puisqu'elle n'avait rien fait pour la naissance d'Evan » dit-elle soudainement plus calme, le regard perdu. Sans doute avait-il sentit sa gêne, puisqu'il l'interrompit en se raclant la gorge avant d'ajouter «
Je pense plutôt que tes parents devaient réellement tenir à toi pour accorder autant d'importance à ces détails », elle pouvait voir qu'il était sincère, qu'il croyait vraiment à cette idée utopique. Ne pouvant se résoudre à gâcher le sourire ingénu qu'il arborait, elle souffla « Tu dois avoir raison » en lui rendant son sourire ; pas parce que cette idée lui était agréable, mais parce qu'elle trouvait sa naïveté
cruellement attachante. Ils se quittèrent dans les environs de minuit, après avoir parlé de toutes les choses futiles qui avaient passé par leur tête tel que le fait qu'aucun élève n'était capable d'effectuer le sortilège d'amnésie, du prochain match de Quiddich qui disputait leur maison et Gryffondor. Se dirigeant vers son dortoir, elle s'arrêta à la première marche avant de lui souhaiter de beaux rêves sans se retourner, loupant le regard insistant que son interlocuteur lui lançait. Après cette nuit, pourtant sans promesse ils s'attendaient chaque soir chacun leur tour et se confiait l'un à l'autre. Plus elle apprenait à le connaître, plus elle s'efforçait à cacher sa noirceur, elle se rendait compte à quel point il était pur, honnête, extrêmement jovial. Il éclipsait peut-être même la présence de sa meilleure amie ; elle en venait parfois à avoir besoin de sa présence. Il était à la fois l'ami à qui elle pouvait tout raconter et le frère dont elle n'avait jamais eu, passant leur soirée à se chamailler. Durant la journée, ils s'efforçaient tous les deux à cacher leur sympathie réciproque, elle n'avait pas envie de se justifier auprès de ses amis qui n'auraient sans doute pas vu cette amitié d'un bon œil. Il avait beau être un sang-pur, sa famille était pratiquement méconnue du monde magique, elle n'aurait eu aucun intérêt à lui parler- le fait de l'apprécier n'étant pas une raison suffisante. Lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs, elle avait arrêté de lui sourire même par politesse, craignant que cela révèle l'affection qu'elle éprouvait pour lui. Elle se contentait de le regarder avant de détourner rapidement ses yeux. Bien qu'elle essayait de se montrer agréable envers tout le monde, elle n'était pas particulièrement proche de ses amis et bientôt il devenait suspect qu'ils soient si proches, des rumeurs circulaient, ils décidèrent donc d'un commun accord d'essayer de se montrer le moins possible ensemble. À partir de là, ils commencèrent à communiquer par tous les moyens possibles : courrier, mot déposé dans les affaires de l'autre, rendez-vous dans le parc du château à l'abri des regards. Un jour après un match de Quiddich remporté, ils se retrouvèrent près du saule cogneur, il lui parla de la menace des mangemorts, bien qu'il ne semblait prendre aucun parti, il ne désirait pas la guerre et était donc contre les méfaits des siens, à chaque fois qu'ils abordaient le sujet, elle essayait d'être le plus évasive, elle aurait pu lui mentir mais elle n'en avait aucune envie. Quelque part, elle pouvait sentir qu'il avait compris sa position, il essayait d'alléger ce qu'il disait, comme si ... il essayait d'être concilient avec elle. Même si elle s'efforçait à cacher tout ce qu'elle avait fait ou encore ce qu'elle n'avait pas encore fait, plus elle passait du temps avec lui, plus elle se trahissait ; elle était beaucoup trop spontanée en sa présence. Si ça aurait été un autre, elle n'aurait pas eu autant de considération à se montrer honnête, mais à ses yeux
son avis importait plus que tous ceux des autres réunis. En retournant vers vingt-deux heures vers leur salle commune, pour ne pas louper le couvre-feu, la pièce était remplie, personne n'avait remarqué leur absence, ils étaient tous en train de fêter la victoire de Serdaigle. Les parasites créés par le tourne-disque se tue quand elle choisit enfin sa musique. Elle connaissait la chanson, elle devait avouer que pour une fois les moldus avaient réussi quelque chose. Oubliant la période d'hostilité, certains commencèrent à chanter à l'unisson, se laissant entraîné par l'ambiance festive, elle hurlait avec eux en tendant ses bras vers lui «
It feels so right, so warm and true ; I need to know if you feel it too ♪ » tandis qu'il éclatait de rire en la voyant pour la première fois lâcher prise . Il prit ses mains dans les siennes en se jetant à ses pieds, chantant à tus tête «
I've been waiting for a girl like you ; to come into my life, I've been waiting for someone new, to make me feel alive. ♫ ». Bien tardivement, elle comprit les sentiments qu'elle éprouvait à son égard, à ce moment-là elle changea drastiquement de comportement, elle essayait de correspondre à l'image de la meilleure amie parfaite, fuyant toutes ambiguïtés, craignant que l'amour qu'elle éprouvait pour lui le nuise.
C'était son premier baiser, il la tenait fortement par le bras, elle pouvait sentir ses doigts longs et saillants s'enfoncer dans sa peau tandis qu'il aspirait son âme. Sa vie semblait défiler devant elle, ses meilleurs moments, les pires ainsi que chacune de ses erreurs. De manière sordide, elle affichait maintenant un dernier sourire, nostalgique. Elle pouvait sentir du bout des doigts le bois de cerisier et
sans y croire,
sur un fond de musique elle tendit sa baguette en direction du détraqueur : «
Expecto Patronum !»
Twelve : Truth has to be credible or it makes as much trouble as any lie.
«
Bonjour, excusez-moi de vous déranger, j'ai été convoqué aujourd'hui » dit-elle en s'adressant à l’hôtesse d'accueil. Vraisemblablement occupée, celle-ci était en train de griffonner quelque chose sur un parchemin. Ne prenant pas la peine de relever la tête, elle répondit sans détourner des yeux sa besogne «
Votre nom s'il vous plait ? ». «
Rosier. Léonie Rosier » répondit-elle, la voix sèche. Elle détestait quand on ne la regardait pas lorsqu'elle s’adressait à quelqu'un. Education négligée de manière évidente. À la réponse, celle-ci leva brusquement les yeux, remontant son regard de sa taille jusque ce que son minois ; son propre visage devint blême. Désappointée, comme si elle l'avait imaginé autrement. «
J'ai pris connaissance de votre arrivée aujourd'hui, je vais immédiatement chercher quelqu'un pour vous accompagner au bureau des aurors », elle s'était levée d'un bond, marchant à grand pas vers un agent de la sécurité. Soufflant quelque chose à voix basse, ce dernier se retourna vers Léonie instantanément. Discrétion. Elle n'avait certes pas une ouïe fine, mais elle n'était pas aveugle.
Ignares. Amusée, puisque la femme avait un bon instinct. Elle était loin d'être innocente. «
Veuillez me suivre s'il vous plait » annonça-t-il, incapable de détourner son regard ; elle baissa la tête en guise d'acquiescement avec un sourire en suivant ses pas. Lorsqu'il poussa les portes du niveau deux, qui ouvraient sur l'antre des aurors, tous les regards se posèrent un à un sur elle. Ca ne pouvait qu'être elle, une silhouette bien proportionnée, un joli visage, une démarche à la fois sophistiqué et nonchalante, elle aurait pu être une
pâle copie de son alter-égo féminin, si ce n'était pas à cause de cet air intimidé. Le claquement de ses talons étaient le seul bruit distinguable, rendant l'atmosphère pesante. Elle aurait dû choisir quelque chose d'autre à chausser. Trop agressive. Elle n'avait pas envie de donner cette image à ses
charmants hôtes. On lui désigna un bureau où on lui avait prié de s'asseoir en attendant l'auror qui allait la recevoir. Elle n'était jamais venue. L'image qu'elle s'était faite était plus glorieuse ; plus impresionnante. Le grincement de la porte l'interpella, jetant un léger coup d'oeil pour regarder un sorcier un peu grisonnant rentrer. Il aurait pu être un vulgaire serveur dans une vielle échoppe à première vue. Mais la façon dont il avait pris la poignée pour refermer lui lança une certaine impression ; elle ne devait pas le sous-estimer. En jetant un tas de paperasse sur la table, il se présenta «
Bonjour, désolé de vous avoir fait attendre, nous avons de plus en plus de plaintes, c'est difficile de s'en sortir. Je m'appelle Peter Wigram et je vais devoir vous interroger sur le cas de votre frère, Evan Rosier » . Une envie d'éclater de rire la submergea. Quel manque de tact. Au moins il allait droit au but, avec un peu de chance on ne lui fera pas perdre plus de temps. Une autre femme à l'air gauche le suivit ; ouvrant la porte avec tellement d'entrain, que celle-ci eut du mal à s'arrêter d'aller et venir. Le sorcier fit définitivement fermé celle-ci d'un coup de baguette. «
Voici, Tiana Cartwright ma coéquipière » tandis que cette dernière lui fit un sourire tout en affichant un air penaud en tenant une théière. Elle retirait ce qu'elle avait pensé plus tôt ; ayant largement le temps de pourrir ici. Affichant un sourire timide, elle trifouillait ses mains sur la table en essayant d'éviter de regarder trop longtemps les aurors dans les yeux. Une tasse lévita, s'arrêtant devant sa personne. Pendant que une infusion à l'odeur exquise se déversait à l'intérieur. «
Mettez vous à l'aise, buvez du thé » dit Tiana en lui donnant un sourire réconfortant. «
Merci » répondit-elle, son attention accaparée à la
délicieuse collation ; Elle pouvait sentir les regards
soutenus que lui lançaient ses interlocuteurs. Un léger souffle dont les impulsions venaient de son corps eut pour but de la refroidir avant de porter le verre à ses lèvres. Elle avait plusieurs gorgées, en prenant soin de laper la dernière goutte, en essayant de saisir le goût ; «
Je vais donc commencer par vous poser des simples questions pour m'assurer de votre identité, tout d'abord est-ce que vous êtes bien Léonie Rosier, fille de Morag Rosier et sœur du présumé suspect Evan Rosier ? » Un feulement imperceptible, au son des deux noms de manière associée. Si dieu était miséricordieux, jamais elle n'aurait à affronter les deux en même temps «
Oui. » dit-elle en déglutissant. Elle resserra son étreinte autour du récipient. En regardant son dossier, il demanda ensuite «
Bois de cerisier dont le cœur est un crin de licorne et mesurant 30.1 cm, est ce bien votre baguette ?». A une de ses aïeuls, sa faiblesse. «
Oui, c'est bien ça » avant d'ajouter «
Ollivander m'a assuré qu'il avait eut du mal à l'arracher de la licorne » ses traits demeuraient impassibles ; mais même ainsi on pouvait lire dans ses yeux de l'incompréhension. Du moins, le simulait-elle ; devinant ce qui se tramait. «
Bien, je vais maintenant passer aux choses sérieuses » dit-il visiblement satisfait. Tiana restait debout adossée contre le mur, la fille peu avait laissé place à une femme au regard froid. Ce qui ne la surprenait pas. Comme elle l'attendait. Se tirant de sa satisfaction, son annulaire tressaillit autour de la tasse à cette vision qu'elle força à arrêter en prétextant porter à nouveau la tasse à sa bouche sans qu'elle ne bu quoi que ce soit. «
quand est-ce que vous avez vu pour la dernière fois votre frère ? », sans hésitation elle répondit «
Le jour où sa tête fut mise à prix » où on pouvait déceler une once de rancoeur. Elle était amère. Amère parce qu'il s'était fait prendre, parce qu'ils étaient tous dans une position difficile maintenant à cause de sa négligence et par dessus tout parce qu'il était en danger. Plus en sa présence, elle ne le savait pas. L'acharnement d'un auror ou la rancoeur de sa sœur ; lequel était le plus enviable ? «
savez où est-ce qu'il se trouve ? » elle fixa un moment le sorcier, les coins de ses lèvres semblaient suggérer ce qui se rapprocherait le plus d'un rictus, sourire crispé qui n'apparaissait que lorsqu'elle était mal à l'aise. Elle n'aimait pas la tournure que prenait la situation. «
Il a fuit quelques temps au sud de l'Angleterre, assez proche pour revenir lorsque vous découvrirez qu'il est innocent et suffisamment éloigné pour rejoindre des sorciers proches de notre famille en France » ; l'interrogateur semblait satisfait par cette réponse, ne doutant pas une seconde de son honnêteté. Il jugeait ça suffisamment crédible pour faire un signe à sa collègue «
Quelle ville ? » «
Brighton », ville balnéaire où il y avait toujours des touristes à n'importe quel moment de l'année. Peu importe. Ils ne le retrouveront
jamais là-bas même en déployant tous leurs moyens.
Vous perdez du temps ; Sa collègue sortit précipitamment de la pièce, un air victorieux sur son visage qu'elle observait avec mépris. Elle allait sous doute prévenir ses collègues.
Délecte-toi tant que tu le peux encore. Elle continuait à la regarder partir avec dédain, presque moqueuse en observant la démarche équestre de celle-ci.
Galope. Il
croyait enfin voir son véritable visage, elle dégageait cette arrogance, propres à ceux qui s'estimaient supérieurs aux autres. Aux puissants sang-purs. Les anciennes familles comme celle des Rosier ne se considéraient pas comme des simples sorciers, ils ne répondaient ni aux dieux, ni aux hommes, menant librement la vie qui les enchantait. En se retournant, elle lui fit son beau sourire. À la vue des rides qui apparaissaient sur son front. Apparemment amusée par sa perplexité. Même suffisante, elle dégageait un charme indéniable. Elle n'était pas entièrement responsable de sa condition. Il connaissait les mangemorts. Le plus souvent ils sont enrôlés depuis leur enfance pour agir ainsi. Combiné à l'emprise qu'elle pouvait avoir sur les autres, il était presque évident qu'elle allait mal tourner. «
Non. S'il vous plait. Continuez à me regarder si ça vous plait » dit-elle d'un ton provocateur «[color=#663333] mais éteignez cette pitié qui illumine vos jolies yeux ; Je suis ne suis pas pas une de vos pauvres brebis égarées » ajouta-t-elle avec une moue faussement boudeuse. Pour une fois sincère. Elle commençait à connaître ce regard, il lui cherchait des excuses. Excepté qu'elle n'avait pas besoin de leur apitoiement. Il la regardait à présent comme si elle ne savait pas de quoi elle parlait, comme si elle n'était qu'une simple enfant dénoué d'une sagesse acquise par l’expérience d'une vie bien entamée.
Ne me sous-estime pas hurlait-elle intérieurement. En vingt ans, elle avait vécu bien plus que certains vieillards ; défleurie bien trop tôt. Si par chance, elle le recroiserait un jour, dans d'autres circonstances. Plus périlleuse. Peut-être qu'elle devrait le tuer pour lui inculquer une leçon, celle de voir pour son malheur, du bon en chacun quand il n'y avait plus rien. Vidée. Elle était encore en train de décider quant à son sort. «
Nous allons reprendre les questions. Est-ce que votre frère est responsable de la mort des trois aurors qui ont tenté de protéger les informations qu'il a volé ? » «
qu'il aurait » rectifia-t-elle, même s'ils avaient des preuves évidentes de sa culpabilité. «
Mon frère ne m'en a jamais parlé, je ne peux pas répondre à votre question » dit-elle De toute façon. Il ne lui disait rien d'ordinaire, alors il n'allait certainement pas confié ses missions avec elle. Ses parents se chargeaient de la mettre au courant de ses nouvelles de temps en temps. «
Êtes vous proches l'un de l'autre ? ». Elle ne s'était pas attendue à cette question, ce qui l'avait déstabilisé. Le seul moyen qu'elle avait trouvé pour assouvir l'envie infléchissable d'extérioriser sa gêne ; était de dégourdir sa nuque en la penchant sur le côté avant de l'onduler pour la tenir à nouveau droite «
C'est
une question bien personnelle … Mh » dit-elle, malicieuse «
ça serait un mensonge d'affirmer que nous avons une relation soudée » avoua-t-elle. «
Précisez. » Roulant des yeux, pointant le ton trop autoritaire de ce dernier. ça avait le don de la faire sortir de ses gonds. «
Nous sommes justes trop différents, nos personnalités ne semblent pas être en accord, alors les querelles sont fréquentes ».
Querelle, voilà un euphémisme.
Une qui aimait trop et un qui n'aimait pas assez ; c'était probablement leur plus grosse différence. Comme s'il avait lu dans ses pensées – ou peut-être qu'elle avait trop baissé sa garde, il enchaîna sur «
Aimez vous votre frère ? ». Elle eut ce mouvement qui lui était propre. Pensive, ses yeux s'étaient détournés et regardaient à présent en bas à droite, comme si elle espérait trouver la réponse à cet endroit. Ou peut-être voyait-elle plus loin. Le sentier qu'elle allait choisir. Sa destiné. Lisant le futur auquel elle ne pouvait se dérober. Elle déglutit avant de relever son regard sur l'auror «
De tout mon coeur. Avez-vous d'autres questions qui peuvent satisfaire votre curiosité, monsieur ? » répondit-elle, froide, à présent curieusement inexpressive. «
L'avez vous déjà vu tué quelqu'un ? ». Tous les deux. Non. Elle était celle qui les tuait au final, ne supportant plus d'entendre leurs gémissements, achevant toujours le jeu sordide de son aîné, au grand dam de celui-ci qui la
corrigeait par la suite, comme il fallait pour qu'elle sache rester à sa place sans qu'elle ne retienne jamais la leçon. «
Nop, lorsque nous étions ensemble, il se contentait d'importuner quelques né-moldus. » Naïf, ou plutôt conscient de l'emprise sur laquelle il était censé avoir ; il crût en ce violent mensonge. Evan n'avait pas dû se confier à sa sœur, il pouvait sentir le ressentiment qu'elle avait envers lui. Même si elle prétendait l'aimer. Elle ignorait tout de ses
activités extérieures«
J'ai une dernière question à vous poser. J'irais droit au but, est-il un mangemort ? » elle s'était préparée à entendre cette question ; pourtant elle ne put contenir un battement cil révélateur. Se redressant sur sa chaise, les bras croisés pendant qu'elle cherchait ses mots «
Est-ce que vous ..pensez ..réellement que nous sommes tous malfaisants ? » arriva-t-elle à prononcer avec difficulté, elle pinçait faussement ses lèvres entre elles, en serrant son poignet par son autre main, enfonçant ses griffes dans sa chair, se débattant pour ne pas cracher le mot tout de suite, essayant de vaincre l'envie inexplicable de répondre à sa question. Elle semblait furieuse; il pouvait sentir qu'elle était prête à bondir à la moindre remarque. Il jeta un œil sur sa droite, ses collègues étaient sans doute en train d'observer la scène, prêt à intervenir au moindre problème. «
Non, je pense que vous vous persuadez que vous faites le bien, sans apercevoir le tord que vous faites. Répondez à ma question maintenant. » ; If you tell a big enough lie and tell it frequently enough, it will be believed. «
Non, mon frère n'est pas un mangemort. Je pense que j'ai répondu à toutes vos interrogations, je prends donc congé immédiatement. » dit-elle en se levant de sa chaise ; enfilant sa cape, elle tendit la main de manière désinvolte vers la tasse et bu d'une gorgée tout ce qui restait. Sans attendre sa réponse, elle ouvrit la porte et sortit d'un pas rapide en toisant au passage les personnes qui l'entouraient. Qu'ils la jugent, s'ils s'en sentent capables. Voilés par une brume opaque, qu'était leur suffisance. À croire qu'elle était facilement à leurs portées. Elle ne pouvait pas transplaner. Traversant une foule de personne dans l'atrium en ne montrant aucune faille quant à ce qu'elle allait faire, elle sortit une bouteille qu'elle vida sur le sol peu à peu. Se servant du drapé qui recouvrait ses bras comme d'un paravent, elle leva ce dernier devant elle pour que la cape puisse cacher son visage et recracha le thé qu'elle avait pris le soin de garder dans sa gorge, à l'intérieur de la bouteille. Elle devait maintenant trouver un cobaye sur qui tester cette mixture. Léonie avait réussi sans difficulté à attirer un homme. Et contrairement à son habitude, elle le ramena chez elle. Lorsque celui-ci commença à abaisser la fermeture éclair de sa robe, elle essayait d'échapper à ses étreintes. Voyant qu'elle n'avait pas d'autres choix, elle lui souffla qu'elle avait quelque chose qui pouvait ajouter du « piquant », elle lui tendit la bouteille «
Un aphrodisiaque. »dit-elle pour répondre à son regard interrogateur. Naïf. Presque trop facile. Elle regarda avec insistance sa pomme d’Adam monter puis redescendre pour s'assurer qu'il avait bien bu au moins une gorgée. «
Quelle était la vraie raison ? Pourquoi étais-tu au ministère ? » Il lui avait dit sur le chemin, qu'
il était langue-de-plomb, ce qu'elle avait du mal à croire en voyant son allure négligé et l'absence d'une répartie intelligente jusqu'ici. « J
'ai été convoqué par le département des jeux et des sports magiques, j'ai organisé des paris interdits et j'avais gardé tout le butin dans ma poche » dit-il, confus. Elle continuait à le regarder sans sourciller, elle lui posa plusieurs questions auxquelles il répondit avec une rare honnêteté.
Veritaserum. Infaillible.«
Qu'est-ce que tu as volé Evan ? » murmure-t-elle avec un sourire narquois. Pour qu'ils en viennent à utiliser ce sérum de vérité, il devait détenir des informations d'une importance cruciale. Infaillible sur le commun des mortels...
et pourtant inefficace sur un occlumens . Elle pouvait remercier son père qui avait violé son intimité durant son enfance, au point qu'elle soit excellente en occlumancie, rendant son esprit impénétrable. Maintenant, seule témoin de ses pensées. «
Ne me sous-estime pas » avait-elle pensé plus tôt, ce qu'il avait exactement fait en la restreignant dans l'image d'une fillette puérile... qu'elle s'était efforcée à montrer. Du coin de l'oeil, elle regarda son invité ; elle l'avait presque oublié celui-là. Piquant. «
Impero ! »